Jurisprudence
Bassamat&laraqui

En collaboration avec

Laraqui

Nullité d’une donation pour cause de fraude des droits des créanciers (Cour d’appel Rabat 2022)

Réf : 29017

Identification

Réf

29017

Juridiction

Cour d'appel

Pays/Ville

Maroc/Rabat

N° de décision

330

Date de décision

20/07/2022

N° de dossier

178/1620/2021

Type de décision

Arrêt

Abstract

Base légale

Article(s) : 1135 - Dahir du 12 septembre 1913 formant Code des obligations et des contrats (D.O.C)
Article(s) : 1137 - Dahir du 12 septembre 1913 formant Code des obligations et des contrats (D.O.C)
Article(s) : 418 - Dahir du 12 septembre 1913 formant Code des obligations et des contrats (D.O.C)
Article(s) : 1241 - Dahir du 12 septembre 1913 formant Code des obligations et des contrats (D.O.C)
Article(s) : 278 - Loi n° 39-08 relative au code des droits réels. (22 novembre 2011)

Source

Cabinet Bassamat & Associée

Résumé en français

La Cour d’appel a confirmé la nullité d’une donation effectuée par un débiteur en état d’insolvabilité.
En effet, la Cour a rappelé que selon l’article 278 de la Moudawana, la donation est nulle lorsqu’elle est consentie par un débiteur dont les biens sont insuffisants pour désintéresser ses créanciers. Ce principe est renforcé par l’article 1241 du Dahir formant Code des obligations et des contrats qui dispose que les biens du débiteur constituent le gage commun de ses créanciers.
En l’espèce, le donateur avait contracté une dette importante en se portant caution personnelle et solidaire d’une société. Or, la donation a été consentie postérieurement à la naissance de cette dette, alors que le débiteur était déjà en état d’insolvabilité.
La Cour a considéré que cette donation avait pour effet de porter atteinte aux droits des créanciers en diminuant la garantie constituée par le patrimoine du débiteur. Elle a donc prononcé la nullité de la donation et ordonné sa radiation du registre foncier.

Texte intégral

وحيث إنه لما كان المقرر قالونا عملا بأحكام المادة 278 من مدونة الحقوق العينية أن الهبة لا تسح ممن أحاط الدين بماله، وبان أموال المدين ضمان عام لدائنهه وفقا لأحكام الفصل 1241 من ق ل ع، ولما كان الثابت من أوراق الملف ومستنداته ان المستتف الحسين الويزي مدين للمستائف عليه البنك الشعبي لمكناس يمبلغ 34276486.09 درهما مع الفوائد القادونية بموجب الحكم رقم 707 الصادر بتاريخ 2017/05/16 عن المحكمة التجارية بمكناس فى الملف عدد 2015/8206/1150 الذي بعد حجة رسمية فيما البته عملا بأحكام الفصل 418 من ق ل ع والذي كشف مديوليته تلك الناتجة من عقد كفالته الشخصية والتضامقية المصحح الإمضاء بتاريخ 2011/08/24 الذي كقل بمقتضاه المدينة الأصلية للبنك شركة سنيترا متعهدا بأداء جميع ديوتها المستحقة أو التي ستكون مستحقة للبنك في حدود مبلغ 97900000 درهم مع القرائد والممولات … ومتنازلا برجه صريح عن التمسك بالدفع بالتجريد الذي يايد بلص الفصلين 1135 و1137 من ق ل ع النزامه بالوقاء والسداد للبنك مع تخريله إياء حق مطالبته بدينه ابتداء ومباشرة دون أن يفرض عليه مسبتا متايعة الشركة المقترضة المذكورة في ممتلكاتها، فإن الهبة التي أجراها في 05 و2014/03/14 لباقي المستأنفين أبذاته، والمال أن الدين محيما بساله بموجب عند الكفاتة الشخصية والتضاملية السابق تاريخا وفق المشار إليه أعلاه، تفضي لا محالة إلى تهريب المقار الموجوب من أي متايعة قضائية قد يكون محلا لها وبالتالي إضعاف الضمان العام المقرر لفائدة المستأنف عليه الدائن، فإنها تبعا للعلل المذكورة تبقي باطلة والحكم المطعون فيه لما قضى بذلك وبالتشطيب عليها من الرسم العقاري فإنه بذلك يكون قد صادف الصواب وهو ما يبرر كابيته.

Document PDF

Version française de la décision

Attendu qu’il est établi, conformément aux dispositions de l’article 278 du Code des droits réels, que la donation ne peut être effectuée par une personne dont les biens sont grevés de dettes, et que les biens du débiteur constituent une garantie générale pour ses créanciers, conformément aux dispositions de l’article 1241 du Dahir des obligations et contrats.

Attendu qu’il ressort des pièces du dossier que le requérant, Hussein El O, est débiteur de l’intimée, la Banque P, d’un montant de 34 276 486,09 dirhams, avec intérêts légaux, en vertu du jugement n° 707 rendu le 16 mai 2017 par le tribunal de commerce de Meknès, dans le dossier n° 2015/8206/1150, lequel jugement a force probante en vertu de l’article 418 du Dahir des obligations et contrats, et qui a confirmé cette dette résultant du contrat de caution personnelle et solidaire signé le 24 août 2011. En vertu de ce contrat, le requérant a cautionné la société débitrice principale, la société « Sanitra », envers la banque, s’engageant à payer toutes les dettes dues ou à venir envers la banque dans la limite de 97 900 000 dirhams, avec intérêts et commissions.

Attendu que le requérant a expressément renoncé au bénéfice de discussion prévu aux articles 1135 et 1137 du Dahir des obligations et contrats, s’obligeant ainsi à régler la dette envers la banque immédiatement et directement, sans que celle-ci ne soit tenue de poursuivre au préalable la société débitrice dans ses biens.

Attendu que la donation effectuée les 5 et 14 mars 2014 au profit des autres appelants, alors que la dette grevait encore les biens du requérant en vertu du contrat de caution personnelle et solidaire susmentionné, conduit inévitablement à la fuite des biens du débiteur, empêchant ainsi toute poursuite judiciaire à leur encontre et affaiblissant par conséquent la garantie générale prévue au bénéfice du créancier intimé.

Attendu que, pour ces motifs, la donation doit être déclarée nulle, et que le jugement attaqué, en prononçant cette nullité et en ordonnant la radiation de l’inscription au registre foncier, est bien fondé, ce qui justifie sa confirmation.

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