Jurisprudence
Bassamat&laraqui

En collaboration avec

Laraqui

L’incompétence de la juridiction étrangère saisie de la demande d’annulation comme obstacle au sursis à statuer (Cour d’Appel de Commerce de Marrakech 2019)

Réf : 22109

Identification

Réf

22109

Juridiction

Cour d'appel de commerce

Pays/Ville

Maroc/Marrakech

N° de décision

475

Date de décision

20/03/2019

N° de dossier

204/8225/2019

Type de décision

Arrêt

Abstract

Base légale

Article(s) : 5 - Convention de New York pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères (1958)
Article(s) : 6 - Convention de New York pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères (1958)
Article(s) : 7 - Convention de New York pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères (1958)

Source

Non publiée

Résumé en français

La Cour d’appel de commerce de Marrakech a statué sur un litige relatif à l’exécution d’une sentence arbitrale étrangère.

Face à l’opposition du défendeur qui invoquait l’existence d’une procédure d’annulation de la sentence dans le pays d’origine pour solliciter un sursis à statuer, la Cour a analysé les conditions d’application de l’article 6 de la Convention de New York de 1958.

Constatant que la juridiction saisie de la demande d’annulation était incompétente et que le défendeur n’avait pas constitué la garantie requise, la Cour a jugé la demande irrecevable. Elle a ainsi confirmé l’ordonnance d’exequatur et permis l’exécution de la sentence arbitrale.

Résumé en arabe

– إن البت في الطعن بالاستئناف الموجه ضد الأمر القاضي بإكساء حكم تحكيمي أجنبي بالصيغة التنفيذية يستوجب التقيد بمقتضيات اتفاقية نيويورك لسنة 1958 المتعلقة بالاعتراف بمقررات التحكيم وتنفيذها، واتفاقية التعاون القضائي المتبادل وتنفيذ الأحكام بين المغرب وفرنسا الموقعة في 05/10/1957، وكذا مقتضيات قانون المسطرة المدنية المغربي المنظمة للتحكيم الدولي.

– طبقا لمقتضيات المادة 6 من اتفاقية نيويورك فإن الاستجابة لطلب إيقاف البت تكون مقيدة بتحقق عدد من الشروط أهمها: أن يثبت الطرف الذي يعترض على التنفيذ ويطلب إيقافه أنه قدم طلب نقض المقرر التحكيمي، أي أنه تقدم بطلب بطلانه كما عليه إثبات أن الطلب المذكور قدم إلى السلطة المختصة.

– إن مقتضيات المادة 6 من اتفاقية نيويورك لا تلزم المحكمة بأن توقف البت، بل جعلت هذا الأمر مجرد إمكانية ، وتبقى للمحكمة كامل الصلاحية في عدم الأخذ بها حتى ولو قدم طلب بشأنها. ونظرا لصيغة الجواز فإن للمحاكم السلطة التقديرية في وقف البت من عدمه، لاسيما وأن هذه السلطة مرتبطة بمدى إمكانية بطلان المقرر التحكيمي في بلد المنشأ. – يكون طلب إيقاف البت الذي يستند إلى المادة 6 من اتفاقية نيويورك لا يكتسي أي جدية طالما أن الجهة المرفوع إليها طلب بطلان المقرر التحكيمي غير مختصة، علاوة على رفض طالب إيقاف البت تفعيل الضمان المطالب به من طرف طالب التنفيذ، مما تكون معه جميع المعايير التي يمكن أن تشفع له بتفعيل المحكمة لسلطتها الجوازية في تقرير إيقاف البت منعدمة.

– إن أهداف اتفاقية نيويورك تتمثل في تيسير التنفيذ والاعتراف بالمقررات التحكيمية الأجنبية لا إبطال مفعولها بالمطالب الإجرائية التي لا تكون غايتها سوى المماطلة .

– الاجتهاد القضائي المقارن اعتبر أن السعي إلى الاستفادة من القواعد الإلزامية المحلية من جانب رجل أعمال محنك لا يجعله يستفيد من تطبيق المادة 5 من اتفاقية نيويورك، على اعتبار أنه كان يفترض أن يكون مدركا لمخاطر ما أقدم عليه ، وبالتالي لا يمكن للمعترض على تنفيذ الحكم التحكيمي الأجنبي، الذي يتمسك بالقوانين الإلزامية الوطنية، أن يستفيد من رفض الاعتراف والتنفيذ والحال أنه يدافع عن مصلحة خاصة لا يمكن أن تنزل منزلة المصلحة العامة للوطن.

– يجب أن تفسر أسباب رفض الاعتراف والتنفيذ المنصوص عليها في المادة 5 من اتفاقية نيويورك تفسيرا ضيقا وهو ما يعرف بمبدأ الانحياز إلى صالح التنفيذ وتماشيا مع هذا المبدأ فإنه في حالة تنازع عدة قوانين واتفاقيات فإنه يجب على المحكمة التي يعرض عليها الأمر تطبيق الاتفاقية والقانون الأكثر ملاءمة عملا بمقتضيات المادة 7 من الاتفاقية المذكورة الذي يكرس مبدأ الفاعلية القصوى و إعمال النص الأفضل الذي يؤدي إلى الاعتراف بالحكم التحكيمي الأجنبي، وهو ما يعرف كذلك بالحق في القانون الأكثر ملاءمة الذي يستند إلى معايير أيسر و أقل شروط سواء من حيث الإجراءات أو من حيث أسباب عدم التنفيذ.

– إن انخراط المغرب في اتفاقية نيويورك لسنة 1958 يجعل مقتضياتها هي الأسمى من حيث التطبيق إعمالا لما نصت عليه ديباجة دستور سنة 2011 التي تعتبر جزءا لا يتجزأ من الدستور.

Version française de la décision

L’examen du recours en appel formé contre l’ordonnance d’exequatur d’une sentence arbitrale étrangère nécessite le respect des dispositions de la Convention de New York de 1958 relative à la reconnaissance et à l’exécution des sentences arbitrales étrangères, de la Convention de coopération judiciaire et d’exécution des jugements entre le Maroc et la France signée le 05/10/1957, ainsi que des dispositions du Code de procédure civile marocain régissant l’arbitrage international.

Conformément aux dispositions de l’article 6 de la Convention de New York, l’accueil d’une demande de sursis à statuer est subordonné à la réunion de plusieurs conditions, notamment que la partie qui s’oppose à l’exécution et demande le sursis établisse qu’elle a introduit un recours en annulation de la sentence arbitrale, c’est-à-dire qu’elle a demandé son annulation, et qu’elle prouve que ladite demande a été présentée à l’autorité compétente.

Les dispositions de l’article 6 de la Convention de New York n’obligent pas le tribunal à surseoir à statuer, mais en font une simple faculté. Le tribunal conserve toute latitude pour ne pas y faire droit, même si une demande en ce sens a été présentée. Compte tenu de la formulation permissive, les tribunaux disposent d’un pouvoir discrétionnaire de surseoir à statuer ou non, d’autant plus que ce pouvoir est lié à la possibilité d’annulation de la sentence arbitrale dans le pays d’origine.

Une demande de sursis à statuer fondée sur l’article 6 de la Convention de New York est irrecevable dès lors que l’autorité saisie de la demande d’annulation de la sentence arbitrale n’est pas compétente, et que le demandeur au sursis à statuer refuse de constituer la garantie exigée par le demandeur à l’exécution. Par conséquent, tous les critères susceptibles de justifier l’exercice par le tribunal de son pouvoir discrétionnaire de surseoir à statuer font défaut.

Les objectifs de la Convention de New York consistent à faciliter l’exécution et la reconnaissance des sentences arbitrales étrangères et non à les priver d’effet par des demandes procédurales dilatoires.

La jurisprudence comparée a estimé que la tentative de se prévaloir des règles impératives locales par un homme d’affaires averti ne lui permet pas de bénéficier de l’application de l’article 5 de la Convention de New York, étant donné qu’il était censé être conscient des risques qu’il prenait. Par conséquent, la partie qui s’oppose à l’exécution d’une sentence arbitrale étrangère en invoquant les lois impératives nationales ne peut se prévaloir du refus de reconnaissance et d’exécution alors qu’elle défend un intérêt privé qui ne peut prévaloir sur l’intérêt général de la nation.

Les motifs de refus de reconnaissance et d’exécution prévus à l’article 5 de la Convention de New York doivent être interprétés restrictivement, conformément au principe du favor executionis. En application de ce principe, en cas de conflit entre plusieurs lois et conventions, le tribunal saisi doit appliquer la convention et la loi la plus favorable, conformément aux dispositions de l’article 7 de ladite Convention, qui consacre le principe de l’effet utile et de l’application du texte le plus favorable à la reconnaissance de la sentence arbitrale étrangère, ce que l’on appelle également le droit à la loi la plus favorable, qui repose sur des critères plus souples et moins exigeants, tant en termes de procédure que de motifs de non-exécution.

L’adhésion du Maroc à la Convention de New York de 1958 confère à ses dispositions une primauté d’application, conformément au préambule de la Constitution de 2011, qui fait partie intégrante de la Constitution.

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