Jurisprudence
Bassamat&laraqui

En collaboration avec

Laraqui

Validité de la contrainte par corps subordonnée à une insolvabilité effective matérialisée par un procès-verbal de carence (Cass. civ. 2023)

Réf : 33244

Identification

Réf

33244

Juridiction

Cour de cassation

Pays/Ville

Maroc/Rabat

N° de décision

6/196

Date de décision

21/03/2023

N° de dossier

2020/6/1/1983

Type de décision

Arrêt

Chambre

Civile

Abstract

Source

Juriscassation.cspj.ma

Résumé en français

La Cour de Cassation a été saisie d’un pourvoi contre un arrêt relatif à la contestation d’une procédure d’exécution, notamment la contrainte par corps. Le litige portait sur la régularité du procès-verbal de carence et l’appréciation de la solvabilité de la défenderesse, dans le cadre de l’exécution d’une ordonnance d’injonction de payer.

La Cour de Cassation a établi que la charge de la preuve de la suffisance des biens pour l’exécution incombe exclusivement à la défenderesse. En conséquence, il appartient à cette dernière de démontrer, de manière probante, que les biens qu’elle prétend posséder sont suffisants pour couvrir l’intégralité de la créance. La simple allégation de possession de biens ne saurait suffire à exonérer la défenderesse de cette obligation.

La Cour a également précisé que les juridictions de fond ne sont pas tenues de procéder d’office à une expertise aux fins de vérifier la suffisance des biens allégués par la défenderesse. Cette mesure d’instruction ne se justifie que si la défenderesse a préalablement rapporté des éléments de preuve suffisamment pertinents et probants. En l’absence de tels éléments, les juridictions de fond peuvent légitimement se fonder sur les éléments du dossier, tels que le procès-verbal de carence, pour statuer sur la validité des procédures d’exécution.

La Cour a, par ailleurs, souligné l’importance de l’initiative d’exécution et de la bonne foi de la défenderesse. Bien qu’ayant contesté la procédure de contrainte par corps, elle n’a pas pris l’initiative d’exécuter volontairement l’ordonnance d’injonction de payer rendue à son encontre. La Cour a estimé qu’il incombe à la défenderesse de faire preuve de diligence et de bonne foi en prenant les mesures nécessaires pour s’acquitter de ses obligations, et non de se contenter de contester les procédures d’exécution.

La Cour de Cassation a, par conséquent, rejeté le pourvoi, confirmant ainsi la validité de l’arrêt attaqué et la régularité des procédures d’exécution.

Texte intégral

وبعد المداولة طبقا للقانون.
حيث يستفاد من وثائق الملف أنه بتاريخ 20 أبريل 2018 قدمت (ز.و) مقالا إلى رئيس المحكمة الابتدائية بأكادير، عرضت فيه أن المدعى عليه (إ.م) وبعد استصداره لقرار عن محكمة النقض عدد 3/738 وتاريخ 2017/12/20، قضى برفض طلب نقض القرار الاستئنافي عدد 2509 الصادر عن محكمة الاستئناف بأكادير بتاريخ 2017/06/19 القاضي بتأييد الأمر بالأداء عدد 2016/8102/242 الصادر عن رئيس المحكمة الابتدائية بأكادير بتاريخ 2016/06/28، القاضي عليها بأدائها للمدعي مبلغ 600000 درهم مع الصائر والإجبار في الأدنى، باشر إجراءات التنفيذ وحرر المفوض القضائي محضر امتناع وعدم وجود ما يحجز بتاريخ 2016/12/09 موضوع ملف التنفيذ عدد 2016/3756، وعلى أساس هذا المحضر تقدم بطلب تطبيق مسطرة الإكراه البدني سجل بالنيابة العامة لدى المحكمة الابتدائية بأكادير تحت عدد 2018/53، وأن المحضر المذكور شابه التدليس ومخالفة الحقيقة، ذلك أن المفوض القضائي (ع. ع.ي) الذي حرره قام بإجراء حجز تحفظي ثم تنفيذي على السيارة المملوكة لها نوع (…) المسجلة تحت عدد (…)، كما أنها تمارس نشاطا تجاريا كمقاولة في البناء، ويمكن للمفوض القضائي الحجز على سجلها التجاري المسجل لدى المحكمة التجارية بأكادير تحت عدد 815، كما أنها تملك حصة معلومة من العقار المسمى « ه » موضوع الرسم العقاري عدد (…)، طالبة بطلان إجراءات الإكراه البدني موضوع ملف الإكراه عدد 2018/53 المسجل لدى النيابة العامة بالمحكمة الابتدائية بأكادير وأجاب المدعى عليه بأن جميع أموال المدعية فوتتها للغير بسوء نية. وبتاريخ 23 202009، أصدر رئيس المحكمة الابتدائية بأكادير مدعية الفايدته محكمة الاستئناف بمقتضى قرارها من المخالفة القانون وعدم الارتكاز على أساس سليم وفساد التعليل، ذلك أنها أثارت حلال جميع مراحل الدعوى بأن محضر الامتناع وعدم وجود ما يحجز معيب وغير مؤسس بدليل ملكيتها سيارة تم الحجز عليها من طرف نفس المفوض القضائي منجز محضر الامتناع، وأدلت بما يفيد كون السيارة لا زالت في ملكيتها، كما تمسكت بكونها تملك شركة تجارية وأنصبة في ملك عقاري وأدلت بالسجل التجاري ورسم الملكية، وأن المحكمة مصدرة القرار المطعون فيه لا يمكنها تقييم تلك الممتلكات بشكل مجرد واعتبارها غير كافية التغطية الدين دون الاستعانة بخبير مختص أو تعليل دقيق لسبب عدم كفايتها.
لكن، حيث إنه يتحلى من وثائق الملف أن المبلغ المحكوم به على الطاعنة بمقتضى الأمر بالأداء عدد 2016/8102/242 الصادر عن رئيس المحكمة الابتدائية بأكادير بتاريخ 2016/06/28 فتحله ملف تنفيذ وحرر محضر بامتناعها عن أدائه، ولا يستفاد أنها نازعت في جريان مسطرة الحجز في مواجهتها بعد امتناعها عن التنفيذ، أو أدلت بما يفيد كفاية الأموال التي تدعي أنها في ملكها لأداء المبلغ المحكوم به، وبذلك فإن المحكمة التي تنظر في صحة إجراءات الحجز والتنفيذ غير ملزمة بإجراء خبرة للتأكد من كفاية الأموال التي تدعي المنفذ عليها كفايتها للتنفيذ ما دامت لم تدل بما يفيد ذلك، أو عند الاقتضاء المبادرة بالتنفيذ استنادا لما تدعيه من ملاءة ذمتها، والمحكمة مصدرة القرار المطعون فيه لما تأكد لها أن ما أسفرت عنه إجراءات الحجز مبررا لمباشرة تطبيق الإكراه البدني عندما عللت قضاءها: « بأن التصريح ببطلان إجراءات الإكراه البدني يستلزم إثبات العيب اللاحق بها، وما تمسكت به المستأنفة من كونها تتوفر على أموال يمكن الحجز عليها، فضلا على كون كفاية تلك الأموال للتنفيذ غير ثابت، فإن ادعاء الملاءة يستلزم المبادرة إلى تنفيذ الأمر بالأداء، لا المماطلة والتذرع بإمكانية الحجز على أموالها، فكان ما قضى به الأمر المستأنف في محله ووجب تأییده، جاء قرارها مرتكزا على أساس ومعللا تعليلا سليما، وما بالوسيلة غير جدير بالاعتبار.
لهذه الأسباب
قضت محكمة النقض برفض الطلب وتحميل الطالبة المصاريف.

Document PDF

Version française de la décision

Après délibération conformément à la loi.

Attendu qu’il ressort des documents du dossier que le 20 avril 2018, (Z.W.) a déposé une requête auprès du président du Tribunal de Première Instance d’Agadir, exposant que le défendeur (I.M.), après avoir obtenu un arrêt de la Cour de Cassation numéro 3/738 en date du 20/12/2017, qui a rejeté le pourvoi contre l’arrêt d’appel numéro 2509 rendu par la Cour d’Appel d’Agadir le 19/06/2017 confirmant l’ordonnance d’injonction de payer numéro 242/8102/2016 rendue par le président du Tribunal de Première Instance d’Agadir le 28/06/2016, lui ordonnant de payer au demandeur la somme de 600 000 dirhams avec les frais et l’exécution minimale, a engagé des procédures d’exécution et que l’huissier de justice a établi un procès-verbal de refus et d’absence de biens saisissables en date du 09/12/2016, objet du dossier d’exécution numéro 3756/2016, et sur la base de ce procès-verbal, il a déposé une demande d’application de la procédure de contrainte par corps enregistrée auprès du parquet du Tribunal de Première Instance d’Agadir sous le numéro 53/2018, et que ledit procès-verbal est entaché de fraude et de violation de la vérité, étant donné que l’huissier de justice (A.A.Y.) qui l’a établi a procédé à une saisie conservatoire puis exécutoire du véhicule lui appartenant de type (…) immatriculé sous le numéro (…), et qu’elle exerce également une activité commerciale en tant qu’entreprise de construction, et que l’huissier de justice peut saisir son registre de commerce enregistré auprès du Tribunal de Commerce d’Agadir sous le numéro 815, et qu’elle détient également une part connue du bien immobilier dénommé « H » objet du titre foncier numéro (…), demandant l’annulation des procédures de contrainte par corps objet du dossier de contrainte numéro 53/2018 enregistré auprès du parquet du Tribunal de Première Instance d’Agadir. Le défendeur a répondu que tous les biens de la demanderesse ont été cédés à des tiers de mauvaise foi. En date du 23/09/2020, le président du Tribunal de Première Instance d’Agadir a rendu un jugement rejetant la demande de la demanderesse. La demanderesse a interjeté appel de ce jugement, l’invoquant de violation de la loi, d’absence de fondement légitime et de vice de motivation, faisant valoir à tous les stades de la procédure que le procès-verbal de refus et d’absence de biens saisissables est vicié et non fondé, preuve à l’appui de sa propriété d’un véhicule qui a été saisi par le même huissier de justice ayant établi le procès-verbal de refus, et a produit des éléments prouvant que le véhicule est toujours sa propriété, et a également soutenu qu’elle possède une société commerciale et des parts dans un bien immobilier et a produit le registre de commerce et le titre de propriété, et que le tribunal ayant rendu le jugement attaqué ne peut pas évaluer ces biens de manière abstraite et les considérer comme insuffisants pour couvrir la dette sans recourir à un expert qualifié ou fournir une motivation précise de la raison de leur insuffisance.

Mais attendu qu’il ressort des documents du dossier que la somme à laquelle la requérante a été condamnée en vertu de l’ordonnance d’injonction de payer numéro 242/8102/2016 rendue par le président du Tribunal de Première Instance d’Agadir le 28/06/2016 a ouvert un dossier d’exécution et qu’un procès-verbal a été établi constatant son refus de la payer, et il ne ressort pas qu’elle ait contesté le déroulement de la procédure de saisie à son encontre après son refus d’exécution, ou qu’elle ait produit des éléments prouvant la suffisance des biens qu’elle prétend posséder pour payer la somme à laquelle elle a été condamnée, et par conséquent, le tribunal qui examine la validité des procédures de saisie et d’exécution n’est pas tenu de procéder à une expertise pour vérifier la suffisance des biens que la partie saisie prétend suffisants pour l’exécution, dès lors qu’elle n’a pas produit d’éléments le prouvant, ou le cas échéant, de prendre l’initiative d’exécuter sur la base de ce qu’elle prétend être sa solvabilité, et le tribunal ayant rendu le jugement attaqué, lorsqu’il s’est assuré que les résultats des procédures de saisie justifiaient l’engagement de l’application de la contrainte par corps, lorsqu’il a motivé sa décision : « que la déclaration de nullité des procédures de contrainte par corps nécessite la preuve du vice qui les affecte, et que ce que la partie appelante a soutenu, à savoir qu’elle dispose de biens saisissables, outre le fait que la suffisance de ces biens pour l’exécution n’est pas établie, l’allégation de solvabilité nécessite de prendre l’initiative d’exécuter l’ordonnance d’injonction de payer, et non de tergiverser et de se prévaloir de la possibilité de saisir ses biens, ce qui a été jugé par l’ordonnance attaquée était fondé et devait être confirmé, sa décision était fondée sur une base et motivée de manière saine, et le moyen n’est pas fondé.

Par ces motifs,

La Cour de Cassation a décidé de rejeter le pourvoi et de condamner la requérante aux dépens.

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